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Made in... de partout


Même la montre officielle des chemins de fer suisse n'échappe pas à la délocalisation des composants
Quel est selon vous le premier exportateur de jouets au monde? Hong Kong? La Chine? Non, les Pays-Bas! On peut tout faire dire aux statistiques, y compris cette ânerie basée sur un transit mondial enregistré par le port de Rotterdam. Avec son Swiss made créé en 1971, la Suisse a enfumé tout le monde, réussissant à faire passer à la trappe 400 ans d'horlogerie européenne -allemande, anglaise, françaises, hollandaise, italienne, scandinave, et plus d'un siècle de tradition mécanique nippone. Une arme fatale, puisqu'aujourd'hui plus personne ne doute que seule la Suisse est capable de produire une montre de qualité. Je ne mets évidemment pas en cause le talent de nombreuses entreprises helvétiques, et la puissance d'un outil industriel  sauvé par un certain Nicolas Hayek contre l'avis des banquiers. Mais à l'heure de la mondialisation et des raviolis au cheval, qui peut encore croire qu'un label national recouvre une quelconque réalité, qui plus est parée d'une notion d'excellence, à part peut être Arnaud Montebourg. L’excellence suisse existe bien sur, mais elle est le fait des maisons horlogères elles-mêmes, et non des critères flous d'un Swiss made remis aujourd'hui en doute dans son propre pays d'origine. Pour porter cette inscription, il suffit que la montre soit assemblée et réglée en Suisse, et que le mouvement en tire 50%  de sa valeur. Ce qui vu le montant des salaires dans ce pays est vite obtenu...
Il existe depuis plusieurs années un projet d’élargissement du Swiss made à l’ensemble de la montre (60% !) qui piétine faute d’accord de l’ensemble du secteur. Personnellement je ne crois guère que cette proposition réponde seulement à un souci de clarification vis-à-vis du consommateur. J’y vois plutôt une lutte de pouvoir entre les groupes assez bien nantis sur le plan industriel pour pouvoir rapatrier sans problème une partie de la production de composants, et les autres qui pressentent, et non sans raison, une tentative d’étranglement. Un point de vue défendu dans les colonnes du Figaro par Ronnie Bernheim, patron de la marque Mondaine, au nom des « antis « regroupés dans l’association IG Swiss made :
«Avec le Swiss made renforcé, nous serions obligés d'acheter des boîtiers et des cadrans en Suisse à un tarif quatre à dix fois plus élevé. Nous devrions doubler les prix de nos montres sans créer une plus-value pour notre clientèle.»
Je ne sais pas vous, mais cette agitation me laisse assez froid. Tout le monde sait que les marques suisses de gros volumes font largement appel à des fournisseurs asiatiques, et que bien des montres labélisées suisses peuvent compter quasiment 100% de composants « made in China ».  Et alors? Tant que la montre est belle, qu’elle fonctionne bien et que son prix est raisonnable, je ne vois pas où est le problème... sinon dans l’appellation mensongère. Les merveilleux joujoux d'Apple sont aussi fabriqués en Chine, et portent la mention "Designed in California". Cela me semble plus honnête, et moi ça ne m'empêche pas de dormir...quand je parviens à m’en détacher !
            

©Patrick Delaroche. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. Droits cessibles.

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