Créer un design féminin qui sorte des sentiers battus de la « petite montre dame » est un exercice difficile. Il est parfaitement réussi cette année par deux grandes maisons de luxe françaises. En 2019, serez-vous plutôt «Baignoire» de Cartier, ou bien «Galop» d’Hermès?
La montre de forme ovale est apparue chez Cartier en 1912. Mais c’est à travers deux révisions importantes, en 1958 et 1969, que sous le nom de Baignoire et Baignoire Allongée elle est devenue l’incarnation d’un « certain chic à la française ».
La collection 2019 est un hommage à ces deux versions culte, l’une toute en élégante sobriété, l’autre empreinte de l’extravagance propre au Londres des Swinging Sixties où elle vit le jour.
Cette année Hermès mise pour sa part sur une forme totalement inédite, marquée au sceau de l’androgénité, celle de la montre Galop. Celle-ci est née d’une nouvelle collaboration avec un jeune designer Afro-Américain, Ini Archibong, jusqu’alors connu pour ses créations dans le domaine du mobilier et du luminaire. Sa première contribution horlogère ne passera sûrement pas inaperçue.
Une Baignoire, deux époques
 |
| Cartier Baignoire Originale |
Catherine Deneuve, Romy Schneider, ou Jeanne Moreau, les belles actrices du temps jadis furent nombreuses à porter cette montre dans sa version de 1958. Entierement retravaillée par le studio de création de Cartier, elle revient en 2019 sous le nom de Baignoire Originale - « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ». Son design épuré n’a pas changé, et pourtant elle a évolué : bracelet plus étroit ; chiffres romains redessinés sur un fond sablé argenté ; fond parfaitement intégré au volume de la boîte ; mise en conformité avec les critères de qualité contemporains (comme l’étancheité à 30 mètres). Deux versions : or jaune et or gris avec lunette sertie de brillants.
 |
| Cartier Baignoire Allongée |
Les années 1960 ont marqué un deuxième temps dans l’histoire de cette montre avec la création par Cartier Londres d’une version oversize, la Baignoire Allongée. A l’originalité de cette forme étirée, la version 2019 ajoute la provocation d’une nouvelle lunette en or sculptée dans la masse de picots – les « clous de Paris ». Voilà qui pimente cette montre élégante d'un petit côté punk très séduisant.
Galop, la métamorphose d’un étrier
 |
| Galop d'Hermès |
Les créations d’Hermès ne s’éloignent que rarement de l’univers qui a fondé la réputation de cette maison : celui du cheval, et de son harnachement. Ini Archibong est (re) parti de l’idée d’un étrier pour créer une forme hybride mêlant lignes droites, ovale et courbure. Il en nait une ligne d’une grande fluidité, renforcée par le fait que la couronne de remontage est judicieusement déplacée à 6 heures dans un souci de symétrie. L’autre belle idée du designer est d’avoir imaginé une typographie progressive qui imprime une sensation de mouvement au cadran. La taille des chiffres se déploie, plus petits et étirés à l’avant pour créer la perspective. Pour un coup d’essai, c’est une réussite qui apporte une nouvelle fraîcheur aux propositions féminines de la marque.
Plus d'infos: Hermès
Droits réservés, mention obligatoire de l'auteur en cas de reproduction
© Patrick Delaroche
Si vous aimez ce blog, soutenez-moi en vous abonnant. C'est gratuit!