A force de se faire attendre, l’Apple Watch a donné du temps
à ses détracteurs pour peaufiner leurs arguments. Non, ce produit ne marque pas
(pas encore ?) une avancée technologique probante par rapport aux autres
montres connectées présentes depuis deux ans sur un marché qui peine à
décoller. Face aux montres classiques, mécaniques ou quartz, l’Apple Watch souffre
aussi de deux défauts majeurs : on ne pourra pas la porter plus d’une
journée sans la recharger, et son étanchéité se limite à résister à la pluie. Pour
quiconque est habitué aux performances d’une montre moderne, c’est presque
risible. Et tout cela sans parler de l’obsolescence programmée inhérent à tout
produit technologique...
Et pourtant, on peut en être sûr : il y aura des files
devant les Apple Stores le jour de
sa sortie (24 avril, en France, la Belgique devra attendre), comme il y en a
lors de chaque apparition d’une
nouveauté de la marque à la pomme.
La logique de ce succès annoncé est limpide : les produits d’Apple sont devenus des signes d’appartenance à un club exclusif d’amateurs de techno cool et de design élégant qui se reconnaissent entre eux où qu’ils soient dans le monde. Ces fans adhèrent à 100% à la philosophie de la marque, et ils font volontiers du prosélytisme ce qui créé un effet "boule de neige".
La logique de ce succès annoncé est limpide : les produits d’Apple sont devenus des signes d’appartenance à un club exclusif d’amateurs de techno cool et de design élégant qui se reconnaissent entre eux où qu’ils soient dans le monde. Ces fans adhèrent à 100% à la philosophie de la marque, et ils font volontiers du prosélytisme ce qui créé un effet "boule de neige".
Si comme beaucoup d’analystes le prédisent 20 millions
d’Apple Watch seront vendues dès sa
première année de commercialisation, le phénomène va avoir de multiples conséquences.
1 - On va voir les fabricants de high tech se positionner en
véritables rivaux de l’horlogerie traditionnelle. Si on ajoute 20 millions d’Apple Watch aux quelque 7 millions
de montres connectées des autres marques (Samsung, LG, Sony, e.a) formant le
parc actuellement existant, c’est déjà quasiment autant que la totalité des
exportations horlogères annuelles de la Suisse.
2 – En transformant la montre-bracelet en
« terminal » de notre vie numérique, les smartwatches vont vite
devenir le complément indispensable des téléphones portables. De ce fait,
beaucoup de gens qui ne voyaient plus de raison de porter une montre vont
revoir leurs habitudes. Aujourd’hui considérée comme un accessoire de mode ou
au mieux comme un objet d’art, la montre-bracelet s’apprête à redevenir aussi, comme
à ses débuts, un instrument utile au quotidien.
3 – Si les marques horlogères traditionnelles ne ratent pas
le coche, elles vont trouver là une occasion unique d’ouvrir un nouveau marché
reposant sur un socle bien plus large que celui dont elles disposent
actuellement. En effet, l’horlogerie suisse est devenue
grandement dépendante d’un haut de gamme mécanique très rémunérateur, mais qui quantitativement ne représente qu’une faible part de sa production comparée à celle des montres à quartz. Pour beaucoup d'observateurs cette dérive ressemble à un "suicide industriel". Bien que beaucoup plus accessibles, les montres
électroniques sont depuis des années en déclin, car elles souffrent d'une panne d'image dont la communication des marques est la première responsable.
Comment voulez-vous qu'une montre à quartz fasse envie quand on lit tous les jours qu'une "vraie montre" ne peut être que mécanique?
électroniques sont depuis des années en déclin, car elles souffrent d'une panne d'image dont la communication des marques est la première responsable.
Comment voulez-vous qu'une montre à quartz fasse envie quand on lit tous les jours qu'une "vraie montre" ne peut être que mécanique?
Le secteur a maintenant l’opportunité de réhabiliter cette belle
technologie trop malaimée dans des montres à quartz connectées possédant toutes les qualités qui font défaut à l’Apple Watch et consorts: légitimité horlogère, véritable étanchéité, large autonomie, variété des
designs.
Frederique Constant et sa marque sœur Alpina ont déjà choisi
cette voie. C’est aussi le cas de Mondaine et de Guess. On chuchote que Bulgari
s’apprête à faire de même bientôt, ainsi que Swatch et TAG Heuer. La bataille
ne fait que commencer, et s’annonce passionnante.
Rendez-vous à Baselworld 2015 pour la suite de l’histoire.
Droits réservés, mention obligatoire de l'auteur en cas de reproduction © Patrick Delaroche
Commentaires
Enregistrer un commentaire