Quand les rendez-vous « on line » remplacent les salons professionnels et que les marques deviennent des médias, comment le Covid-19 redéfinit la communication horlogère.
Après deux mois de silence radio, le tic-tac de l’information horlogère recommence à se faire entendre. Si deux acteurs majeurs du secteur que sont Patek Philippe et Rolex ont décidé de postposer à l’année prochaine le lancement de leurs nouveautés, tel n’est pas le cas des marques regroupées dans le salon Watches & Wonders Geneva (W&W), organisé par la Fondation de la Haute Horlogerie
Prenant le relais du Salon International de la Haute Horlogerie, cet évènement aurait dû ouvrir ses portes demain, en inaugurant une nouvelle formule d’exposition largement ouverte au grand public. Pour pallier son annulation annoncée le 27 février dernier, l’organisateur a rapidement réagi en développant une plateforme numérique pour permettre à la communauté horlogère de se rassembler « on line ».
Ce salon « virtuel » verra donc le jour ce samedi 25 avril à 12 heures à l’adresse suivante: watchesandwonders.com
Pour l’ouverture la FHH prévoit une série de lancements produits par le biais de vidéos de 10 minutes en streaming, où les dirigeants des marques pourront dévoiler leurs nouveautés. Elles seront ensuite accessibles de façon permanente sur le site.
Le site proposera également des pages dédiées à chacune des marques, sur lesquelles les visiteurs pourront découvrir leurs dernières nouveautés et leurs univers respectifs. Ils auront également un accès privilégié et immédiat aux remontées des réseaux sociaux des marques et pourront être redirigés vers les sites des exposants.
Pour Cartier, ce sera l’occasion de lancer une plateforme numérique grand public entièrement consacrée à ses créations horlogères 2020. Également mise en ligne ce 25 avril, elle sera disponible en Français, en Anglais et en Chinois et accessible sur: www.cartierwatchmakingencounters.com et depuis www.cartier.com.
Cette évolution, si elle compréhensible dans la situation actuelle, impose tout de même quelques réflexions
La première est que les restrictions de réunion liées à la crise sanitaire ne font qu’accélérer un mouvement déjà entamé précédemment. Après avoir drainé vers leurs sites marchands une partie d’un commerce imparti auparavant aux détaillants, beaucoup de marques sont aujourd’hui tentées de faire de même pour leur communication en s’adressant directement au grand public. Or se passer du filtre des canaux classiques, même s’ils sont parfois complaisants, risque de nous conduire tout droit à une information du public sans recul et ni mise en perspective, pour ne pas parler de sens critique. La seconde réflexion qui nous vient à l’esprit, c’est qu’alors que les marques deviennent des médias, elles annulent dans le même temps les annonces qu’elles avaient prévues de faire prochainement dans la presse. Cette réaction épidermique met en danger des titres, et derrière eux des agences de communication, qui ont précédemment apporté un soutien non négligeable au secteur horloger. Mais de plus, elle est apparaît complètement absurde alors que l’on n’a jamais lu autant de journaux et de magazines qu’aujourd’hui, et que les boutiques horlogères vont probablement rouvrir en mai. Nous vous laissons réfléchir à tout cela…
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© Patrick Delaroche
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